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CHIENNE DE ROUGE

Yamina Zoutat
2023 Suisse, France 97 min Langue : français

Une femme se réveille avec ce désir, filmer du sang.
Dans Paris, sa ville, elle fait des rencontres. Un convoyeur, une greffeuse, une chimère… Et elle se souvient d’un procès qu’elle a suivi il y a longtemps. Le procès du sang contaminé.
Pendant ce temps au fond d’une forêt, une chienne mène sa recherche au sang.


Lorsqu’elle était chroniqueuse judiciaire, à 28 ans, Yamina Zoutat reçut une consigne : ne pas montrer de sang. Vingt ans plus tard, Chienne de rouge désobéit à cette injonction masculine, à l’époque du procès du sang contaminé. À partir de son désir instinctif d’images sanguinolentes, comme la chienne de chasse qui donne son titre au film, la cinéaste avance par bifurcations successives, portant sa caméra dans des lieux qui se laissent découvrir par à-coups. Le sang qui semait la mort la conduit à celui qui sauve des vies : les poches de sang transportées par Mohamed, greffées par Stéphanie, reçues par Isabelle. Lorsque l’on subit une greffe de cellules souches hématopoïétiques, l’ADN présent dans le sang devient celui du donneur. Mais cette substance qui circule dans nos veines, fut-elle jamais la nôtre ? Fil rouge ambivalent, ce tissu liquide qui se partage nous met sur la piste d’une histoire faite d’hérédité et de métissage, où interviennent la fille de Mohamed, le père de Stéphanie, la donneuse d’Isabelle. L’intimité et l’histoire de la narratrice, qui scande le film de sa voix, ne cessent de surgir dans le récit, pour être tout aussi vite déportées en sa périphérie. Car le réseau qui se tisse entre les protagonistes n’en finit pas de s’étendre. La chimère, créature mythique qui donne son nom aux personnes qui portent un sang greffé, symbolisait autrefois les âges de la vie d’une femme, et l’on disait de celles qui n’avaient plus leurs règles qu’elles ne « voyaient » plus. La boucle est bouclée : c’est l’humanité entière qui se raconte dans Chienne de rouge, du point de vue d’une femme déterminée à y cheminer librement.

Olivia Cooper-Hadjian

Lire aussi l’entretien avec Yamina Zoutat


Yamina Zoutat

Yamina Zoutat, d’origine algérienne et italienne, née à Yverdon en Suisse, a d’abord travaillé pendant plus de dix ans comme chroniqueuse judiciaire à Paris. La cour d’assises a été son «école de cinéma ».
Son premier film, Les Lessiveuses, elle le consacre aux mères qui font la lessive pour leurs fils condamnés à une longue peine de prison. Ce film, récompensé par le Prix de la Création à Visions du Réel en 2010, est ensuite adapté à l’opéra. Yamina Zoutat en écrit le livret et réalise la création vidéo pour la scène. Première à la Maison des Métallos à Paris en 2014.
Son premier long-métrage, Retour au Palais, exploration intime du Palais de Justice de Paris de la souricière jusqu’aux toits, reçoit le Sesterce d’Argent en compétition internationale à Visions du Réel en 2017. Après un beau parcours dans les festivals internationaux, il est distribué en salles en France.

Production :
Les Films d'Ici (Richard Copans), Close Up Films (Joëlle Bertossa, Marion Chollet)
Image :
Yamina Zoutat, Clément Apertet, Hugo Orts
Son :
Sylvain Copans
Montage :
Damián Plandolit
Contact copie :
Les Films d'ici - courrier@lesfilmsdici.fr

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