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Hounalika Achya’a Kathira Kana Youmken An Yatahadath Anha Al Mar’e

Il y a tant de choses encore à  raconter
Omar Amiralay
1997 Syrie 50 minutes Arabe

Le grand dramaturge Saadallah Wannous (auteur d’Une Mort éphémère, Actes Sud, 2001), ami et co-auteur du cinéaste, se meurt, épuisé par un cancer qui, dit-il, s’est déclaré pendant la Guerre du Golfe. Il dit avoir été tenté par le suicide au départ de Nasser, et avoir perdu, dans le conflit avec Israël et le rêve d’une Palestine retrouvée, une chance de bonheur. Dans le silence d’une chambre d’hôpital, les images du passé semblent encore hanter un homme malade de la « cause arabe », dont la parole sombre et implacable exprime les désillusions et le sentiment d’échec de toute une génération. « Notre appartenance à une même génération et notre amitié qui dure depuis le milieu des années 60 ont été déterminantes. Bien que nous ayons vécu la défaite de 1967 de manière identique, nous n’étions pas toujours d’accord politiquement. Saadallah était un communiste orthodoxe, sympathisant d’un parti politique prosoviétique, alors que moi j’étais antistalinien jusqu’à la moelle. Nous nous sommes donc éloignés l’un de l’autre pendant des années. Pour sauver notre amitié, j’ai préféré sacrifier, pendant un temps, le contact direct et permanent avec lui. J’ai revu Saadallah peu avant le film, lorsque j’ai su qu’il était malade. Vingt ans avaient passé, mais notre amitié a redémarré au même point, avec la même intensité. Nous avons écrit le scénario du film ensemble. […] Arte m’avait demandé de participer à une soirée thématique sur le conflit syro-israélien à laquelle devait également participer le cinéaste israélien Amos Gitai. Au risque d’être mis à l’index, je ne pouvais pas m’impliquer dans ce genre de projet sans solliciter l’autorisation des autorités syriennes. Le ministre des Affaire Etrangères de l’époque s’est montré favorable à l’idée, mais une fois le film réalisé, il ne l’a pas apprécié. Il n’a pas aimé l’atmosphère sombre qui s’en dégageait et qui ne correspondait pas à l’idéologie du régime. Il m’a demandé d’y apporter quelques rectifications, ce que j’ai refusé. Considéré comme un acte de désobéissance, le film est depuis interdit en Syrie. (Extrait d’entretien de « Il y a tant de choses à raconter » ou les regards croisés d’Omar Amiralay et Saadallah Wannous/Nathalie Galesne, site Babel Med)

Production :
Arte France; Films du Grain de Sable
Montage :
Dominique Paris
Son :
Emile Saadé
Photo :
Etienne Grammont

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