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Rolls : 1971

Robert Huot
1972 États-Unis 97 min

Pour réaliser ce film, Huot a utilisé vingt-deux bobines de séquences datant de 1971, ainsi que d’autres matériaux issus de found footage et de photographies de la même période. Certaines parties du film ressemblent aux meilleures séquences minimalistes de One Year (1970) ; d’autres passages se rapprochent davantage des séquences plus libres de la fin du film précédent. En outre, Huot a inclus une bonne dose d’images inhabituellement intimes (à la dimension sexuelle parfois très explicite), impliquant principalement lui-même, Twyla Tharp (ils étaient mariés à l’époque), ainsi que leur fils Jesse. Ces différents types d’images sont intégrés dans une stratégie de montage complexe et hautement suggestive.
Scott McDonald (roberthuot.com)

—Scott MacDonald : Pour Rolls (1971), vous avez utilisé une structure très inhabituelle, la combinaison de deux procédés radicalement différents pour traiter les mêmes images. Vous alternez entre d’une part des séquences constituées d’une suite de 252 images durant chacune une seconde, et d’autre part des séquences qui durent toute la durée de la bobine, sans montage, souvent en plan long. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir cette structure ?
—Huot: […] Cela venait en partie de l’impression que toutes nos expériences sont présentes simultanément dans notre esprit. Dans n’importe quel moment, on apporte toutes les autres expériences que l’on a pu avoir. Je voulais montrer certaines bobines en entier parce que je pensais qu’elles étaient bonnes ou intéressantes en l’état, et je voulais également faire cette juxtaposition plus totalisante. Je voulais utiliser tout ce que j’avais filmé, à 100%, au moins une fois. Je voulais montrer le temps réel, mais je voulais aussi montrer un état d’esprit. Je me suis dit qu’en alternant entre des présentations lentes, très détaillées, où l’on regarderait vraiment l’ensemble des informations présentes à l’écran, et des passages rythmés d’une seconde où tout serait juxtaposé, cela permettrait de montrer la réalité comme seul le cinéma peut le faire.
(roberthuot.com)

Robert Huot

Après avoir produit des œuvres d’art qui comptaient parmi les plus extrêmes de la fin des années 1960 – dématérialisées et essentialisées, parfois jusqu’aux limites de la visibilité – j’entamai en janvier 1970 un journal filmé. […] Peu à peu, mes choix de vie commencèrent à avoir un effet concret sur mon art. Les journaux filmés ressemblaient de plus en plus à une célébration de la « nature ». À mesure que mon/notre conscience de notre impact sur l’environnement grandissait, je me sentais dans l’obligation de produire un art et de mener une vie qui refléteraient cette prise de conscience. (Robert Huot)

Production, image, son :
Robert Huot

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