Tjúba Tén
Tourné à Bendekondre, au Surinam, Tjuba Ten / The Wet Season, a tous les ingrédients du film ethnographique : tâches féminines (tissage, cuisine, jardinage, coiffure) et activités masculines (préparatifs de chasse, navigation en pirogue, jeux de société et fabrication d’objets usuels), rituels (chants, danses, fête du nouvel an)… Qu’elles soient réelles ou scénarisées, ces scènes n’ont pas pour propos de représenter la vie d’un village du Suriname, mais de faire ressortir les tics et les travers qui caractérisent un genre cinématographique et en font l’étrangeté, d’en détricoter les codes de représentation et de nous divertir par cette joyeuse entreprise iconoclaste. . Raideur du filmage, cadre désaxé, bout à bout de séquences sans rapport, visant à illustrer les catégories d’une taxinomie occulte, longs dialogues sans traduction, durée aléatoire des plans, maladresse ou absence totale de découpage, obstruction du champ par le premier plan, images surexposées, film rayé, amorces grillées, étalonnage bâclé, scènes enregistrées avec le cache de l’objectif et sous-titrées, conversations off, Tjuba Ten / The Wet Season accumule à l’excès les défauts, les erreurs, les accidents de filmage. C’est que poussée à l’extrême, la démarche ethnographique s’inverse et se révèle sous son véritable jour, celui du cinéma amateur. L’exposé académique accouche d’un film de famille pour les indigènes. D’où le double titre du film. On ne filme jamais que soi. (Yann Lardeau)
Ben Russell
Ben Russell; Brigid McCaffrey
Ben Russell; Brigid McCaffrey
Ben Russell; Brigid McCaffrey
Ben Russell