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Fad,Jal

Safi Faye
1979 Sénégal 108 min

Fad,Jal est un village sénégalais sérère. Au pied d’un fromager, l’ancêtre et un griot racontent l’histoire du village aux enfants, et la difficulté d’exploiter les terres à cause de la sécheresse. En parallèle, le quotidien des sérères est confronté à la politique gouvernementale qui s’approprie désormais les terres.

Le film s’appelle Fad,Jal. Fad signifie «Arrive» et Jal veut dire «Travaille». «Travaille» car quand on arrive dans ce village de cultivateurs, Fadial, on doit travailler. Quand on travaille on est heureux, et si on ne travaille pas, on se moque de vous.
Par opposition à l’histoire de France écrite et apprise à l’école, comment transmet-on l’histoire africaine qui n’existe que dans la tradition orale ? Qui va la transmettre aux enfants ? Le vieux, celui qui a la mémoire de l’histoire. Tous les soirs, les enfants grimpent sur les beaux arbres fromagers en sortant de l’école et ils retrouvent le vieux. Il leur transmet leur histoire, celle qui n’a pas été écrite. Fad,Jal parle de cela, de la fondation du village et de tous les événements qui s’y sont déroulés depuis. Le grand-père parle des rites de passage traditionnels et des rites agraires, ainsi que de l’origine de ce village fondé par une femme (Mbang Fadial), aux environs du XVIe siècle.
Je ne fais jamais de films adaptés, j’écris moi-même mes scénarios, j’enquête puis j’écris, et j’essaie de rester fidèle au monde rural d’où je viens, à l’Afrique et aux villageois. J’admire les gens qui vivent de la terre. En pays Sérère, le peuple côtier dont je fais partie (qui est aussi celui de Léopold Sédar Senghor), est reconnu pour son courage au travail. C’est un peuple matriarcal où la femme a plus d’importance que l’homme. Les hommes et les femmes y sont libres, grâce au produit de leur travail.


Safi Faye (entretien avec Charlotte Pavard à l’occasion de la présentation du film à Cannes Classics, 2018, festival-cannes.com)

Safi Faye

Safi Faye est une anthropologue et réalisatrice sénégalaise. Elle poursuit des études au Sénégal quand Jean Rouch lui propose un rôle dans Petit à petit en 1971. Après avoir continué ses études en France, elle devient la première femme africaine à réaliser des films. D’abord le court métrage La Passante, puis le long métrage Lettre paysanne en 1975, traitant des problèmes économiques du monde rural. En 1979 elle réalise son deuxième long métrage sur les coutumes, les traditions et la création de son village natal,  Fad,Jal, qui reçoit le prix George Sadoul. Elle réalise de nombreux films jusqu’à la fin des années 90, notamment Selbé parmi tant d’autres (1982) et Mossane (1996).

Production :
Safi Films
Image :
Patrick Fabry, Jean Monod, Papa Moctar Ndoye
Son :
Magib Fofana
Montage :
Andrée Davanture, Marie-Christine Rougerie, Dominique Smadja, Babacar Diagne
Contact copie :
lea.baron@institutfrancais

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